La présence contemporaine de signes graphiques de statut différent est une caractéristique typique des inscriptions hiéroglyphiques lorsqu’ils sont récurrents sur sceaux, puisque ici le système peut passer indifféremment du plan de la communication visuelle à celui de la communication linguistique. Dans cette « oscillation » entre plan graphique et plan linguistique, la décodification du message véhiculé est confiée à l’encyclopédie cognitive et aux compétences linguistiques des utilisateurs du message. Ceux-ci devront immédiatement savoir non seulement ce qu’il faut lire, mais aussi comment il faut le lire. Si l’on reprend le texte d’Umberto Eco sur les modalités de la perception (supra, épigraphe), dans la modalité Alpha (où l’on perçoit une substance en tant que forme, avant même que cette forme soit reconnue comme la forme d’une expression), l’utilisateur du sceau CHIC #257 verra dans le signe central la représentation d’un chat. Après quoi, il passera dans la modalité Bêta: la même représentation sera perçue comme un signe graphique, forme d’une expression qui porte probablement un message métalinguistique ou symbolique (mais non linguistique). À ce point, le milieu culturel d’où il provient et les conventions qu’il a établies dans la communication des significations le porteront vers l’interprétation du signe en évoquant le type cognitif du chat auprès des Minoens. Même dans un cas comme celui de la représentation iconique assez « réaliste » d’un chat, son contenu ne renvoie pas nécessairement à ce que l’on voit mais à ce que l’on sait, ce que l’on a appris à voir. Comment le savant moderne peut-il activer une modalité perceptive Bêta dans l’interprétation globale des sceaux inscrits en hiéroglyphique minoen ? En prenant comme point de départ le sceau que l’on vient de citer, on tentera ici un examen approfondi des occurrences de félins sur les sceaux minoen, soit isolée soit en association avec des signes syllabiques. Les signes graphiques récurrents sur la glyptique seront analysés dans le contexte des idéologies et des relations de pouvoir entre groupes d’élites antagonistes, étant donné que les motifs des félins peuvent être délibérément sélectionnés par ces groupes émergents pour construire leur identité culturelle. The coexistence of graphic signs with different status is a typical feature of hieroglyphic inscriptions on seals, since here the Minoan hieroglyphic writing system can switch from the level of visual communication to the linguistic one. In this “oscillation” between the graphic and the linguistic level, the decoding of the message conveyed is entrusted to the cognitive encyclopaedia and to the linguistic skills of the recipients of the message. They should immediately know not only what to read, but also how to read it. Following Eco’s statement (quoted in the epigraph) on the modalities of perception, in the Alfa mode (in which a substance is perceived as a form, even before this form is recognized as the form of an expression) the user of the seal CHIC #257 will recognize in the central sign the representation of a cat. Afterwards, the reader will pass to the Beta mode: the same representation will be perceived as a graphic sign, a form of an expression that probably carries a metalinguistic or symbolic (but non-linguistic) message. At this point, the cultural milieu from which the sign originates and the conventions this cultural milieu has established in the communication of meanings will push the reader towards the interpretation of the sign by evoking the cognitive type of the cat within the Minoan culture. Even in a case, such as this, of a rather realistic iconic representation of a cat, its content does not necessarily refer to what one sees but to what one knows, what one has learned to see. How can the modern scholar activate a perceptive Beta mode in the global interpretation of Minoan hieroglyphic seals? Taking as a starting point the seal that we have just quoted, we will try here to carry out a thorough examination of the occurrences of felines on Minoan seals, both isolated and in association with syllabic signs. Finally, the analysis of the graphic signs recurrent on glyptic will be correlated to the interpretation of ideologies and relationships between antagonistic elite groups; the motifs of felines could, indeed, have been deliberately selected by these emerging groups to build their cultural identity.
"Entre écriture et iconographie: le cas du hiéroglyphique minoen"
CIVITILLO MATILDE
2018
Abstract
La présence contemporaine de signes graphiques de statut différent est une caractéristique typique des inscriptions hiéroglyphiques lorsqu’ils sont récurrents sur sceaux, puisque ici le système peut passer indifféremment du plan de la communication visuelle à celui de la communication linguistique. Dans cette « oscillation » entre plan graphique et plan linguistique, la décodification du message véhiculé est confiée à l’encyclopédie cognitive et aux compétences linguistiques des utilisateurs du message. Ceux-ci devront immédiatement savoir non seulement ce qu’il faut lire, mais aussi comment il faut le lire. Si l’on reprend le texte d’Umberto Eco sur les modalités de la perception (supra, épigraphe), dans la modalité Alpha (où l’on perçoit une substance en tant que forme, avant même que cette forme soit reconnue comme la forme d’une expression), l’utilisateur du sceau CHIC #257 verra dans le signe central la représentation d’un chat. Après quoi, il passera dans la modalité Bêta: la même représentation sera perçue comme un signe graphique, forme d’une expression qui porte probablement un message métalinguistique ou symbolique (mais non linguistique). À ce point, le milieu culturel d’où il provient et les conventions qu’il a établies dans la communication des significations le porteront vers l’interprétation du signe en évoquant le type cognitif du chat auprès des Minoens. Même dans un cas comme celui de la représentation iconique assez « réaliste » d’un chat, son contenu ne renvoie pas nécessairement à ce que l’on voit mais à ce que l’on sait, ce que l’on a appris à voir. Comment le savant moderne peut-il activer une modalité perceptive Bêta dans l’interprétation globale des sceaux inscrits en hiéroglyphique minoen ? En prenant comme point de départ le sceau que l’on vient de citer, on tentera ici un examen approfondi des occurrences de félins sur les sceaux minoen, soit isolée soit en association avec des signes syllabiques. Les signes graphiques récurrents sur la glyptique seront analysés dans le contexte des idéologies et des relations de pouvoir entre groupes d’élites antagonistes, étant donné que les motifs des félins peuvent être délibérément sélectionnés par ces groupes émergents pour construire leur identité culturelle. The coexistence of graphic signs with different status is a typical feature of hieroglyphic inscriptions on seals, since here the Minoan hieroglyphic writing system can switch from the level of visual communication to the linguistic one. In this “oscillation” between the graphic and the linguistic level, the decoding of the message conveyed is entrusted to the cognitive encyclopaedia and to the linguistic skills of the recipients of the message. They should immediately know not only what to read, but also how to read it. Following Eco’s statement (quoted in the epigraph) on the modalities of perception, in the Alfa mode (in which a substance is perceived as a form, even before this form is recognized as the form of an expression) the user of the seal CHIC #257 will recognize in the central sign the representation of a cat. Afterwards, the reader will pass to the Beta mode: the same representation will be perceived as a graphic sign, a form of an expression that probably carries a metalinguistic or symbolic (but non-linguistic) message. At this point, the cultural milieu from which the sign originates and the conventions this cultural milieu has established in the communication of meanings will push the reader towards the interpretation of the sign by evoking the cognitive type of the cat within the Minoan culture. Even in a case, such as this, of a rather realistic iconic representation of a cat, its content does not necessarily refer to what one sees but to what one knows, what one has learned to see. How can the modern scholar activate a perceptive Beta mode in the global interpretation of Minoan hieroglyphic seals? Taking as a starting point the seal that we have just quoted, we will try here to carry out a thorough examination of the occurrences of felines on Minoan seals, both isolated and in association with syllabic signs. Finally, the analysis of the graphic signs recurrent on glyptic will be correlated to the interpretation of ideologies and relationships between antagonistic elite groups; the motifs of felines could, indeed, have been deliberately selected by these emerging groups to build their cultural identity.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.